Ce livre relate mon parcours intellectuel, émotionnel, collectif et intime pour comprendre et expérimenter le lien, et ainsi donner du sens et du poids à mes intuitions. J’ai pensé le lien pour pouvoir m’expliquer à moi-même comment le mettre en pratique dans la “vraie vie”. J’écris pour percevoir et faire évoluer la relation à ce qui m’entoure, à mon terrain de vie. J’écris pour nourrir la relation que je tisse avec moi-même pour trouver la source de ma puissance et de ma légitimité individuelle. Enfin, j’écris pour approfondir la relation dans laquelle je me frotte aux limites, explore mes zones d’ombre et d’inconfort, mais où je trouve une immense caisse de résonance et d’écho à mes questions et mes actions : l’Autre et le groupe. Il s’agit de tisser le Je dans le Nous, et d’explorer la relation des Je et des Nous avec leur terrain de vie.
Pour aborder ce thème de façon transversale, par une diversité d’angles d’analyses et de tonalités, j’ai bâti un système des liens. Ce système est construit – dans le fond et sur la forme – sur les trois principes de la pensée complexe d’Edgar Morin : le principe récursif (la boucle), le principe fractal (la partie est dans le tout qui est dans la partie), le principe dialogique (qui fait dialoguer les antagonismes sans les opposer ni les réduire). Le texte est réparti en 4 chapitres : le lien au monde et au terrain de vie; le TERRESTRE; le lien à soi, le JE; le lien à l’autre et au groupe, le NOUS. Le quatrième chapitre reste à écrire. Il traite du lien au mouvement, à la durée, au temps, à la résilience, au parcours, à la trajectoire. J’ai la sensation que je ne parviens pas à l’écrire parce que je suis en train de le vivre. Le chapitre 4 peut presqu’être conçu comme une mise en abîme des trois chapitres précédents.
Ce texte se veut à la fois politique et philosophique, conceptuel et expérientiel, personnel et universel. Il relie les angles de différentes chapelles du savoir et de l’expérience humaine puisant ses illustrations dans la science, l’art, la littérature, la pop culture, la psychologie, l’éthologie ou mes propres expériences intimes et collectives. Il dit pourquoi le lien est à rebours de la pensée cartésienne, rationnelle et experte, comment ce paradigme a détruit nos liens au monde, aux autres et à nous-mêmes, et propose un système pour penser et vivre en reliant, posture au cœur d’une coopération réelle, profonde et effective.
Depuis plusieurs années, j’écris des portraits individuels ou collectifs sous forme d’articles. Ils donnent à voir les liens sous-jacents qui explicitent les choix et le sens que ceux que j’écoute donnent à leur parcours, et à leur vie. La posture est volontairement subjective, elle ne dit l’expérience des autres qu’à travers celle que je vis auprès d’eux. C’est la seule qui me permette de rendre la complexité, relier les fils du réel par de multiples prismes, dans la sincérité du lien qui se créé pendant la rencontre.
C’est aussi l’intention de ce livre : explorer nos liens, comprendre comment les faire vivre et grandir avec soin et ainsi refonder le monde qu’ils dessinent. Par le récit de mes expériences, mon ambition est d’accoucher celles des autres. Ce texte raconte mon parcours et partage mes apprentissages. Je cherche à créer chez le lecteur des échos qui feront mouche, des questions qui résonneront mais ne raisonneront pas, dans les liens qu’il reconnaîtra avec mes idées, mes histoires ou mes émotions. Tant d’auteurs, penseurs ou écrivains, m’ont fait le cadeau de cette expérience. Nous sommes les meilleurs experts de nos vies et de nos trajectoires. En se reliant à celles des autres, il ne tient qu’à nous de reconnaître et tisser les liens qui nous libèrent. J’ai créé ma grille de lecture de ces liens, pour ancrer des repères, s’approprier les dynamiques, donner à voir, à sentir et à comprendre la merveilleuse symphonie sous-jacente des liens qui animent l’Univers et nous traversent, nous, humains.
Mon monde intérieur, excessivement systémique, complexe et émotionnel, dicte mon parcours et ma pensée, et influence la façon dont je décrypte ceux des autres. Mon modèle cognitif a longtemps été exclusivement lié aux mots : la parole, la littérature et les concepts. L’expérience concrète (le savoir chaud, implicite) est le modèle cognitif instinctif de la majorité des gens. L’enfant tombe, il se fait mal, la fois d’après il descend la marche autrement. Plus tard, en cours de biologie, il apprendra la façon dont fonctionnent ses muscles, tendons, et os (le savoir froid, explicite). Cette image illustre l’inversion de mon schéma d’apprentissage “naturel”. Je n’ai longtemps pas eu accès à l’implicite, l’explicite était mon refuge. J’ingurgite instinctivement les savoirs froids, pour certains je les ressens avant de les comprendre. Apprendre de l’expérience concrète a été beaucoup plus fastidieux. Le monde social est truffé d’implicites. Ne partageant pas les mêmes normes que les autres, la logique sociale m’échappait en grande partie. Par mon système intérieur, j’ai transformé les savoirs froids en savoirs chauds. Daniel Tammet vit cette expérience avec les chiffres. Il perçoit le nombre π comme un paysage numérique magnifique qui lui procure des émotions intenses, qui se transforment en souffrance si les décimales sont modifiées et donc incorrectes.
Ce que Daniel Tammet vit avec les chiffres, je le vis avec les Liens. S’est imposée en moi la sensation de vivre intérieurement une métaphore des liens du monde, de ses tissages et de ses déchirures. Ce savoir froid “émotionnel” se traduit par une capacité à percevoir instinctivement la dimension systémique des interstices, ce qui relie comme ce qui sépare. Elle m’a donné une grande sensibilité à l’existence, l’absence ou la destruction des liens. Je constate dans ce texte à quel point la déchirure des liens, la méconnaissance de leur existence et de leurs dynamiques est un prisme d’appropriation de notre situation individuelle et collective, à la fois complexe, systémique et original. Je cherche l’éditeur qui, comme future sage-femme d’un beau bébé à naître, voudra bien accompagner la suite du chemin.
Mon manuscrit est disponible sur demande, après un échange.